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“Les flottangs”

Des pièges passifs pour suivre la migration des jeunes anguilles et des civelles sur le Lez aval

Qu’est-ce que c’est ?

Un ”flottang” est un piège passif° qui permet de capturer les anguilles de moins de 12 cm. C’est un assemblage de 6 à 10 feuillets de géotextile de 40×40cm, muni de flotteurs. Sa construction est rapide, simple et bon marché.

°Passif car les anguilles juvéniles considèrent le flottang comme un abri et viennent se réfugier entre ses feuillets durant le jour. C’est un outil sélectif et attractif.

A quoi servent-ils ?

Plus de dix flottangs ont été déployés sur le Lez aval, dans l’objectif de suivre la migration des jeunes anguilles et ainsi évaluer la fonctionnalité des “rampes à anguilles” jusqu’en aval du moulin de Sauret. Depuis 2018, le service GEMAPI (GEstion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations) de la Métropole de Montpellier, agit pour la continuité écologique du Lez. On compte désormais 8 seuils aménagés, permettant aux anguilles de remonter le Lez depuis la mer sur un linéaire d’environ 14 km de cours d’eau.

Ces rampes sont recouvertes de picots pour que les anguilles puissent plus facilement grimper. Lorsque ce substrat rugueux est humide, les anguilles les utilisent afin de franchir les seuils. Vous pouvez tout à fait observer ces aménagements, de couleur orange, sur les différents seuils du Lez.

Qui a mis en place les flottangs ?

C’est la Fédération de l’Hérault pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques, et plus précisément le Pôle Technique qui assure la réalisation du suivi (avec la construction, la pose et les relèves des flottangs) et la valorisation des résultats obtenus. Ce travail se fait en étroite collaboration avec l’EPTB Lez, la 3M (Montpellier Méditerranée Métropole), l’Association MRM (Migrateurs Rhône-Méditerranée) et l’OFB (Office Français de la biodiversité) de l’Hérault, qui offrent un soutien technique, tout en partageant leurs connaissances du terrain et leurs expériences dans ce domaine.

C’est également grâce au financement de l’Agence de l'Eau Rhône Méditerranée et de la FNPF (Fédération Nationale de la Pêche de France) que nous pouvons réaliser un tel projet.
Bien que les anguilles capturées lors de ce suivi soient immédiatement remises à l’eau après avoir été mesurées, cette campagne de suivi est soumise à une autorisation de Pêche Scientifique délivrée par la Préfecture de l’Hérault et les services de la DDTM (Arrêté Préfectoral N°DDTM34-2024-03-14750).

Et l’Anguille européenne dans tout ça ?

C’est au large de la Floride, en mer des Sargasses, que naissent toutes les anguilles d’Europe. Les larves, portées par le courant du Gulf Stream, arrivent sur les côtes européennes après une migration de plusieurs milliers de kilomètres. Elles vont passer plusieurs métamorphoses, de civelles en anguillettes pour coloniser les fleuves et les cours d’eau. Puis, elles vont se développer au stade adulte dans ces milieux, pour se métamorphoser d’anguilles jaunes en anguilles argentées. Elles seront alors prêtes à rejoindre la mer des Sargasses pour se reproduire !

Pourquoi l’Anguille européenne est-elle menacée de nos jours ?

L’Anguille européenne est aujourd’hui classée en danger critique d’extinction au niveau mondial, du fait d’un effondrement de la population depuis 50 ans, avec une réduction globale des effectifs comptabilisés d’environ 90% par rapport aux années 1970. Cette espèce figure de fait sur la liste rouge de l’U.I.C.N. (Union internationale pour la conservation de la nature) qui recense les espèces menacées en France et dans le monde.
Les raisons qui expliquent le déclin de la population d’anguilles sont multiples et complexes à identifier, et peuvent être d’origine naturelles et/ou humaines :

  • Les modifications hydroclimatiques ;
    o Cela concerne les changements globaux, comme le réchauffement climatique. Ils entraînent une modification des courants marins (température, salinité), augmentant ainsi la mortalité lors des migrations

  • Le parasitisme ;
    o Avec le parasite asiatique Anguillicola crassus, situé dans la vessie natatoire. Cela entraîne des cas de mortalités et limite la migration des anguilles.

  • La prédation ;
    o Avec par exemple en milieu continental les hérons et les cormorans, et dans certains cas, le silure glane et la loutre

  • Surpêche et braconnage ;
    o L’anguille est exploitée à tous ses stades de vie. En plus de la pêche professionnelle, le braconnage alimente une demande grandissante de civelles en Asie de l’Est.

  • Obstacles à la migration et turbines hydroélectriques ;
    o Les ouvrages influencent la production de géniteurs, provoquent un retard à la migration, un affaiblissement de la croissance et limitent la colonisation vers l’amont.
    Lors de leur descente, les anguilles argentées se blessent ou meurent en passant dans les turbines hydroélectriques

  • Pollutions ;
    o Par son activité de fond et prédatrice, l’anguille va concentrer dans son organisme les substances chimiques de son environnement : Des concentrations, même minimes (métaux lourds, pesticides, PCB, …) sont susceptibles de diminuer ses capacités reproductrices, migratoires, de résistance au stress et même d'entraîner la mort de l’anguille.

Bien que l’anguille soit un poisson assez recherché, il faut savoir que sa pêche au niveau amateur est interdite en milieu maritime quel que soit son stade de développement. En revanche en eau douce dans l’Hérault, il est possible de pêcher l’anguille jaune uniquement, du 15 mars au 1er juillet et du 1er septembre au 3ème dimanche de septembre. Sa pêche professionnelle est quant à elle très encadrée.

Crédits photos et schémas : Léonie Rougemont, Fédération de pêche et de protection des milieux aquatiques de l’Hérault.